Les mohicans de paris 6 by Alexandre Dumas

Les mohicans de paris 6 by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CCCXII

Le roi attend.

Le rendez-vous, comme nous l’avons dit, était au bois de Boulogne.

Hélas ! tout s’en va. Encore un de nos souvenirs de jeunesse disparu ! encore un bois habité au lieu d’un bois désert ! Et, quand nos neveux verront ce parc anglais, ciré, frotté, épinglé, luisant, verni comme un tableau d’exposition commandé par un bourgeois, ils ne voudront jamais croire aux anciennes descriptions que nous avons faites du débris de cette vieille forêt de Louvois, que ce roi pillard qu’on appelait François Ier avait fait entourer de murailles pour y prendre plus commodément le plaisir de la chasse.

Ils ne comprendront pas non plus qu’il fut un temps où c’était là qu’étant sûr de ne rencontrer personne, on se donnait rendez-vous pour se battre, et cela si naturellement, que les témoins de l’homme qui recevait les conditions de son adversaire eussent cru les témoins de cet adversaire fous, ou de mauvaise compagnie, s’ils eussent pris un autre rendez-vous que la porte Maillot ou l’allée de la Muette.

Puis il y avait comme une fatalité qui se posait ailleurs – à Clignancourt ou à Saint-Mandé – : les duels y étaient presque toujours malheureux.

Il semblait, au contraire, que les nymphes du bois de Boulogne, dans la grande habitude qu’elles avaient de voir charger les pistolets ou tirer les épées, dérangeassent les balles d’un souffle, écartassent les épées d’un geste.

Il y avait là, à la porte Maillot, un restaurateur qui avait fait fortune rien qu’avec les duels qui n’avaient pas eu lieu, ou avec ceux qui avaient eu une heureuse issue.

Hâtons-nous de dire que ce n’était point cette raison conservatrice qui avait fait choisir le bois de Boulogne aux témoins de M. de Marande et de M. Lorédan de Valgeneuse.

De part et d’autre, ils avaient compris qu’ils allaient assister à un de ces duels où la terre boit du sang.

Le matin du jour fixé pour le duel, le bois, au reste, présentait l’aspect le plus pittoresque.

On était au mois de janvier, c’est-à-dire en plein hiver, et le bois était en harmonie parfaite avec la saison.

Le ciel s’abaissait, d’un blanc de neige ; l’atmosphère était sèche et limpide, le sol étincelant de givre qui renvoyait à l’air les étincelles que le soleil lui jetait de la cime des arbres jusqu’au tronc ; les arbres laissaient tomber avec une négligence gracieuse de longs panaches scintillants comme des stalactites ; ce qui donnait au bois l’aspect d’une immense décoration taillée dans une grotte de sel.

Le premier arrivé fut Salvator, qui, faisant arrêter sa voiture dans la contre-allée, s’engagea dans le bois et alla reconnaître l’endroit désigné.

Il était là depuis quelque minutes, quand il entendit tout à la fois un bruit de voix et de pas.

Il se détourna et vit s’approcher M. de Marande, le général Pajol et le comte Herbel.

Ils étaient suivis d’un domestique à la livrée de M. de Marande, et qui portait un portefeuille sous le bras.

Le banquier tenait un paquet de lettres arrivées évidemment au moment de son départ ; il les



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